Accès à l'avortement securisé : les recommandations de la CGND au gouvernement

L’humanité a célébré le 28 septembre dernier, la journée internationale de la « dépénalisation des avortements ». En République Démocratique du Congo, la commémoration de cette journée a eu lieu jeudi 8 octobre à Kinshasa, autour du thème : « oui, les femmes et les jeunes filles peuvent autogérer leur santé sexuelle et reproductive, y compris l’avortement par la Télémédecine ».
08-Octobre-2020

Dans la salle, il a été constaté l’absence des membres du Gouvernement qui ont préféré se faire représenter. Qu’à cela ne tienne, des jeunes, personnes handicapées, leaders communautaires, professionnels des médias membres du Réseau des Journalistes pour la Santé sexuelle et reproductive (RJSSR) qui composent la Coalition de lutte contre les Grossesses Non Désirées (CGND), ainsi que des partenaires techniques et financiers ont pris part à cette grande célébration marquée par plusieurs temps forts.

L'objectif des participants pour cette activité était de contribuer à l’amélioration du cadre légal sur l’accès à l’avortement sécurisé à travers la domestication du Protocole de Maputo. Rose Mutombo, présidente du Cadre permanent de concertation de la Femme (CAFCO) qui a pris la parole au nom de la CGND, a fait savoir que le cadre légal de la RDC en matière de santé sexuelle et reproductive autorise aujourd’hui l’application de l’article 14, alinéa 2.C du Protocole de Maputo suite à la circulaire du Président du Conseil Supérieur de la Magistrature n°04/SPCSM/CFLS/EER du 6 avril 2018 relative à la mise en exécution des dispositions de l’article dudit protocole. Cette circulaire instruit les juridictions et offices des parquets civils et militaires sur la conduite à tenir en présence des cas d’avortements prévus par le Protocole à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples relatif aux Droits de la Femme en Afrique, dit Protocole de Maputo.

Ph. Des participants à la fin de l'atelier

« La cérémonie de ce jour vise à vulgariser le Protocole de Maputo ; à renforcer l’appropriation nationale et l’engagement communautaire dans la domestication dudit Protocole ; à partager les évidences ; à amener les décideurs à s’impliquer dans le processus de validation des Normes et Directives des Soins Complets d’Avortement centrés sur la Femme conformément à l’article 14, alinéa 2.C du Protocole de Maputo », affirme Rose Mutombo.

Des recommandations formulées

Après le mot de la présidente du CAFCO, l’on a assisté à plusieurs autres étapes dont les témoignages des victimes des avortements clandestins qui gardent de mauvais souvenirs face à cette pratique néfaste qui nuit à la santé de la femme et de la jeune fille. C’est ainsi que dans la série des recommandations formulées, la Coalition de lutte contre les Grossesses Non Désirées (CGND) interpelle le gouvernement à travers les ministères sectoriels quant à la mise en œuvre du Protocole de Maputo en RDC, précisément son article 14, alinéa 2.C.

Au Ministère du Genre, Famille et Enfant, de domestiquer le Protocole de Maputo qui dans son article 14 alinéa 2.c stipule : « Protéger les droits reproductifs des femmes particulièrement en autorisant les avortements médicalisés, en cas d’agression sexuelles, de viol, d’inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie de la mère ou du fœtus…»

Disposition qui encourage ainsi les femmes et jeunes filles en âge de procréer d’avoir accès aux services des soins d’avortement sécurisé dans toutes les structures sanitaires en cas de l’une des conditions évoquées ci–haut. En outre, elle en appelle à ce même ministère à contribuer à la vulgarisation dudit protocole pour le bien de tous particulièrement des femmes et jeunes filles en âge de procréer en l’institutionnalisant dans toutes les structures sanitaires ; s’impliquer d’avantage pour la prise en compte de l’équité dans les interventions de PF/ Avortements auprès des jeunes filles et des femmes en âge de procréer : penser beaucoup plus aux milieux ruraux et aux groupes spécifiques de la population.

Enfin, promouvoir les mécanismes de renforcement de leadership des organisations des femmes sur la défense de leurs Droits sexuels et Reproductifs.
Au Ministère de la Santé Publique, de valider les normes et directives des soins complets d’avortement centrés sur les femmes dans le but de protéger les prestataires de services de santé dans le cadre de leurs activités professionnelles. Ce, afin qu’ils puissent agir sans crainte ni contrainte dans la limite de la loi ; veiller à la multisectorialité dans l’élaboration du plan stratégique national sur la santé sexuelle et Reproductive 2020–2025, en droite ligne avec le plan de couverture de santé Universelle. En outre, intégrer les questions des soins d’avortement dans l’accès aux services dans le cadre du Plan National de la couverture de santé Universelle ; accroitre la part du Budget de l’État allouée à la santé en identifiant une ligne spécifique aux produits liés aux soins d’avortements pour les vulnérables. Aussi, améliorer l’accès aux services des soins d’avortements des jeunes filles et femmes à travers notamment l’instauration des services de prise en charge gratuit ou à un cout forfaitaire.

Au Ministère des Droits Humains, la CGND recommande de s’impliquer pour accompagner les deux autres ministères à savoir celui du Genre et de la Santé à la mise en application des textes légaux nationaux et internationaux qui sécurisent les questions d’avortement en République Démocratique du Congo (Protocole de Maputo et autres textes légaux) ; harmoniser tous les textes légaux nationaux qui traitent les questions d’avortement en République Démocratique du Congo.

Ensuite, s’impliquer davantage auprès des corps judiciaires (Avocats, Magistrats, OPJ et autres officiers judiciaire) sur le respect de l’application de la circulaire n° 04/SPCSM/CFLS/EER/2018 du 06 avril 2018 relative à la mise en exécution des dispositions de l’article 14 du Protocole à la charte Africaine des Droits de l’Homme et des peuples relatif aux droits de la femme en Afrique.

Aux bailleurs des Fonds et Partenaires, d’accroitre le financement dans le secteur de la santé de la Reproduction avec un focus sur les questions d’avortements ; de financer la coalition à mener une étude de cas dans la ville de Kinshasa dont le but est de chercher à savoir le nombre exact des poursuites judiciaires déclenchées et cas des condamnations des femmes ou autres personnes à la suite des avortements dans les cours et tribunaux de Kinshasa.

Productions médiatiques primées


Enfin, elle en appelle à financer la coalition à intensifier les activités de sensibilisation et des plaidoyers sur les questions d’avortement dans la communauté sur toute l’étendue du pays.
Enfin, aux associations membres de la coalition et non membres, la CGND recommande de continuer de travailler en étroite collaboration afin de renforcer le réseautage et de promouvoir les questions d’avortement ; et de militer pour faire de l’accès de l’avortement un droit de tous et pour tous sans discrimination aucune.

Peu avant de clôturer cette activité, la CGND a procédé à la remise des prix aux lauréats du concours d’excellence organisé par Pathfinder international récompensant ainsi leurs productions médiatiques en rapport avec la santé sexuelle et reproductive, plus particulièrement les avortements sécurisés. Et c’est Alice Kajabika du Sud-Kivu, et Socrate Nsimba de Kinshasa qui ont décroché ce prix du projet « RESOnance ».

Altesse Makambo  


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