Contraception : pilule pour homme, pourquoi ça traîne ?

Depuis deux décennies, les recherches sur le contraceptif oral pour les hommes marchent à pas de tortue. Pourquoi est-il aussi compliqué d’en avoir un demi-siècle après la version féminine ? Tentative de réponse.
07-Juin-2021

Un demi-siècle après, les femmes restent les seules à supporter la charge de la contraception hormonale. A part le préservatif, les hommes n’ont aucune autre méthode contraceptive à part la vasectomie qui est irréversible. Depuis deux décennies, des études sur la pilule contraceptive masculine piétinent.

Actuellement, seulement deux contraceptifs hormonaux masculins auraient passé le cap de l’essai clinique. Il s’agit de deux composés androgènes, la DMAU et la 11-beta-MNTDC.

En mars 2018, une étude de l’Université de Washington a présenté les résultats concluants d’une nouvelle pilule masculine expérimentale qui consiste à bloquer la production des spermatozoïdes. Une autre étude signalée en Australie se focalise sur la possibilité de paralyser le transport des spermatozoïdes.

Malgré ces avancées, il faudrait encore attendre près de dix ans pour assister à la commercialisation des premières pilules masculines.

Mais pourquoi est-il aussi compliqué d’avoir une contraceptive hormonale masculine ?   Pour l’urologue et sexologue Vincent Hupertan, tout s’explique par la différence physiologique entre les femmes qui sont fécondes entre quatre et cinq jours le mois  et les hommes qui sont féconds tous les jours.

L’homme fabrique un millier de spermatozoïdes par seconde

« L’ovaire possède un fonctionnement cyclique: tous les mois, cela repart à zéro. Il a alors suffi d’un niveau faible d’hormones pour bloquer le fonctionnement cyclique et la production. Mais le cycle va également reprendre naturellement », explique-t-il.

Et de poursuivre : «  L’homme lui, fabrique un millier de spermatozoïdes par seconde. C’est un mécanisme continu, il n’y a pas de cycle hormonal. Le seul moyen de bloquer le fonctionnement testiculaire, c’est d’apporter des hormones de l’extérieur comme pour la femme, mais le niveau d’hormones est beaucoup plus important ».

Effets secondaires

Face à cette réalité, les hommes devraient prendre leur pilule en continu pour conserver un taux de spermatozoïdes assez bas. Ce qui pose un problème dans la gestion des effets secondaires.

En 2016, une étude sur la pilule masculine a dû être carrément abandonnée après que trop d’hommes aient rapporté des effets secondaires sévères. 

Des études en cours rapportent des cas de fatigue, de l’acné, des maux de tête et de baisse de libido, mais à des niveaux moins sévères.

Injection et un gel contraceptif

Pour prévenir les effets secondaires sévères, la pilule masculine aura besoin, selon la chercheuse américaine Dre. Christina Wang, d’être renforcée en testostérone, en plus de la progestérone qu’on retrouve aussi dans la pilule féminine et qui servira à diminuer drastiquement le nombre et la motilité des spermatozoïdes.

En plus de la pilule contraceptive, d’autres études en cours tablent sur un contraceptif masculin injectable à longue-action et sur un gel contraceptif, que les hommes devraient appliquer tous les jours sur leurs épaules et leurs bras. En attendant, on ne peut compter que sur les femmes qui ont une gamme variée de contraception.

Socrate Nsimba


Commentaires

  • RI

    Richine

    07/06/2021

    Comme quoi toutes les charges pour la planification familiale restent encore la responsabilité de la femme pendant que le plaisir est partagé par les deux..

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