RDC: des drépanocytaires ont-elles droit à un avortement légal ?

Exposées à un risque d'anémie plus élevée et à des douleurs sévères pendant la grossesse, les femmes drépanocytaires mettent leur santé et vie en danger en cette période.
19-Juin-2021

D’après des spécialistes, les personnes drépanocytaires, des femmes y compris, sont sexuellement actives. Cependant, plusieurs femmes drépanocytaires ne sont pas éligibles à une grossesse.

Aux Etats Unis par exemple, entre la 6ème et 8ème semaine du début de la grossesse, il est autorisé à une femme d'interrompre une grossesse d'un enfant SS.  

« Physiologiquement, ces enfants sont nés pour avoir un taux bas du sang. Ils sont donc exposés aux infections et dans certaines conditions, aux douleurs. On a aussi des drépanocytoses qui ont des facteurs protecteurs, notamment l’hémoglobine f, l’alpha globuline… Et très souvent, cela leur épargne des crises », déclare un médecin spécialiste au centre hospitalier Mabanga. 

Il précise qu'avant l’âge de 6 mois, les enfants ne font généralement pas de crise. 

« Ils ont l’hémoglobine f depuis le sein de leur mère qui a une grande affinité avec l’oxygène. Mais il existe aussi des gens qui peuvent naître tout en présentant des formes graves », fait-il savoir. 

Si les enfants drépanocytaires peuvent naître sans grand problème, une femme SS met sa vie en danger à chaque grossesse.

Eviter le ‘’kisalu lufua’’

« Déjà que la grossesse même chez une femme saine (AA), est un danger ; car l’enfant puise dans la mère pour fabriquer son sang. Et puiser du sang dans une femme qui vit dans l’anémie, c’est un risque permanent. Il faut éviter le ‘’kisalu lufua’’ (travailler pour la mort) », martèle-t-il.

Ainsi, renchérit ce médecin spécialiste, la grossesse chez une femme anémique étant dangereuse, elle requiert un suivi particulier. 

« Le gynécologue qui suit l'évolution de la grossesse doit savoir fixer les choses. Si la maman est fragile, l’enfant aura un sort compliqué ».

Tenant compte de ce risque élevé, les femmes drépanocytaires sont-elles automatiquement éligibles à l'avortement légal selon le Protocole de Maputo? Ce texte panafricain ratifié par la RDC autorise notamment dans son article 14.2.C l'avortement si la grossesse met en danger  la santé ou la vie de la femme. Partant de cette considération, ce texte devait s'appliquer automatiquement aux  drépanocytaires. Après, certaines peuvent se montrer plus résistantes aux effets de la grossesses. Mais jusqu'à la 36e semaines, tout au plus. 

 « Nous n’aimons pas que les femmes drépanocytaires enceintes entrent en travail ; c'est-à-dire qu'elle arrive jusqu'entre la 38 et  la 42ème semaine. Il faut programmer une césarienne dès la 36e semaine, car il ne faut pas que les contractions arrivent, par crainte d’une possible crise. Mais nous avons aussi ces femmes drépanocytaires qui accouchent par voie basse, car en médecine l’on dit ni jamais, ni toujours. C’est un terrain qui demande beaucoup d’attention », précise notre spécialiste. 

Mais au-delà de la grossesse, les drépanocytaires ne sont pas explosés à des risques de crise pendant l'acte sexuel. Sauf qu'ils sont plus appelés à éviter des grossesses non désirées par le recours à la contraception.

« Lorsqu’on pratique un rapport sexuel, il y a l'hyperventilation. Mais depuis que je traite les drépanocytaires, je n’ai pas vu une drépanocytaire connaître une hypoxie pendant le rapport sexuel (de surcroit un exercice physique), alors qu’il y a hyperventilation. Elles peuvent jouir de leur corps. Il n’y a pas crise pendant l’acte sexuel. Ici, la science n’a pas encore parlé ». Une précision qui va rassurer plus d'un. 

 Altesse Makambo


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