Kinshasa : viol collectif sur une sourde-muette de 15 ans à Masina

L’événement a eu lieu dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 février à Kinshasa, commune de Masina, quartier III. Parmi les violeurs présumés, un agent de sécurité dit Bureau II qui a disparu dans la nature et qui serait, selon la famille de la victime, protégé par ses collègues de la police.
03-Mars-2021

‘’ Ma nièce avait disparu la nuit du samedi 13 février 2021, vers 20 heure, heure de Kinshasa. Nous l’avions cherchée toute la nuit dudit samedi sans succès. C’est le matin du dimanche que son cousin va l'apercevoir au commissariat de la police. Selon les éléments de la police, la fille a été conduite par leur collègue du Bureau 2 en signalant que c’est sa copine" , raconte la tante de la survivante.

" Ne maitrisant pas la langue des signes pour bien échanger avec la fille, les éléments de la police n’avaient tout simplement pas été convaincus de la version de leur collègue du Bureau 2. Quand nous avons demandé à la fille, elle a désigné ce monsieur du bureau 2 comme l'un des violeurs, avec tant d’autres garçons du quartier. Elle a désigné au total cinq personnes, poursuit-il. Malgré son handicap, la fille connaissait bien l’endroit où le forfait a été commis. Du coup, nous sommes allés, ensemble avec la police, sur place. C’était dans un kiosque où on vend des liqueurs fortes. Là, l’homme du bureau 2 n’y était plus. Seulement, deux garçons qui ont été interceptés’’.

Actuellement, le dossier est au parquet de N’djili. Le présumé auteur principal du forfait a disparu. Les deux garçons interceptés sont des mineurs. 

La famille de la victime crie à une manipulation des éléments de la police qui auraient fait disparaître leur ami du service de sécurité, alors qu'il a été entendu sur procès-verbal le premier jour.

‘’Nous voulons que justice soit faite. Notre fille a été cruellement abusée. Nous demandons à ce que celui qui l’avait conduite à la police soit retrouvé. C'est lui l’auteur principal du viol’’, insiste l'un des membres de la famille de la victime qui lance un cri d’alarme à destination de la Première dame Denise Nyakeru et à la ministre déléguée aux Affaires sociales en charge des personnes vivant avec handicap et autres vulnérables, Me Irène Esamba. 

Après le viol, la victime a fait plus de 12 jours dans un centre de santé pour des soins appropriés. La famille est sous pression de la structure sanitaire car n’ayant pas encore payé la facture de 106 dollars américains demandée.  

63% des femmes PEV victimes de violences sexuelles

Un rapport de la Fédération des associations des personnes vivant avec handicap du Congo indique qu' environ 63% de femmes et filles handicapées sont victimes de violences sexuelles. Au moins 5 d'entre elles sont violées chaque jour en RDC, à cause de leur handicap et de l’insécurité qui règne dans leurs milieux spécifiques.

 Et pourtant, la Constitution de la République démocratique du Congo dans son 49, exige des mesures spécifiques pour la protection de la personne vivant avec handicap. L'Article 23 du Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, relatif aux droits de la femme en Afrique ratifié par la RDC en 2018 (Protocole de Maputo), exhorte les Etats signataires à assurer la protection des femmes handicapées contre la violence, y compris l’abus sexuel et la discrimination fondée sur l’infirmité et garantir leur droit à être traitées avec dignité.

La loi du 20 Juillet 2006 modifiant et complétant le Décret du 30 janvier 1940 portant Code pénal congolais sur les lois sur les violences sexuelles souligne dans son article 171 bis stipule que le minimum des peines portées par les articles 167 alinéa 2, 168 et 170 alinéa 2 sera doublé s’il est commis sur une personne vivant avec handicap. C’est dire que quiconque sera connu coupable de viol sera puni du double de la peine de servitude pénale de cinq à vingt ans et d’une amende ne pouvant être inférieure à cent mille francs congolais.

Jules Ntambwe


Commentaires

  • ER

    Erichine MBAYO

    07/03/2021

    Je suis défenseur des droits des personnes handicapées et des sourds en particulier, je voudrais entrer en contact avec la famille afin d'accompagner ce dossier jusqu'à ce que justice soit faite. Pourriez vous m'aider ?

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