Participants à l'atelier ce 15 septembre à Kinshasa

RDC/avortement : à quand l'intégration du Protocole de Maputo dans le Code de déontologie médicale?

La Coalition de lutte contre les grossesses non désirées (CGND) organise à Kinshasa, durant trois jours, un atelier de discussion avec le Conseil urbain de l'ordre des médecins.
15-septembre-2021

Élaborer un argumentaire avec le Conseil urbain de l'Ordre des médecins de Kinshasa en intégrant les dispositions de l'article 14 alinéa 2 point C du Protocole de Maputo. C'est l'objectif de l'atelier de discussion pour l'intégration du Protocole de Maputo dans le Code de déontologie médicale ouvert ce mercredi 15 septembre à Kinshasa, au musée national.

Durant les trois jours de cette activité financée par la Fondation Médecins du Monde, cinq membres du comité directeur du Conseil urbain de l'Ordre des médecins (CUOM/Kinshasa), neuf membres de la commission PAJ du CUOM, cinq membres de la Coalition de lutte contre les grossesses non désirées (CGND), trois personnes d'appui de Si Jeunesse Savait et deux consultants vont travailler pour aboutir essentiellement à deux résultats. 

Le premier résultat est de renforcer avec l'implication du CUOM/Kinshasa la domestication du Protocole de Maputo. 

Le deuxième réqultat est de pousser le CUOM/Kinshasa à porter la révision du code de la déontologie médicale au niveau du Conseil national de l'Ordre des médecins. 

L'article 14,2.C du Protocole de Maputo invitent les États signataires dont la RDC d'autoriser la pratique de l'avortement médicalisé en cas de viol, d'inceste et si la grossesse engage le pronostic vital de la femme ou sa santé    mentale et physique. 

Éviter tout équivoque

Au même moment, l'article 32 du Code de déontologie médicale qui se réfère au Code pénal interdit aux médecins la pratique de l'avortement, sauf pour des raisons thérapeutiques et après l'avis favorable d'au moins trois médecins. 

Bien que, selon la Constitution, les lois et traités internationaux dûment signés sont supérieurs aux lois internes, il y a nécessité d'harmoniser les dispositions du Protocole de Maputo à celles du Code de déontologie médicale pour éviter tout équivoque. 

"L'Ordre des médecins en RDC existe depuis 50 ans. Pour la même période, la France, par exemple, a déjà modifié à trois ou à quatre reprises son Code de déontologie médicale. Nos textes ont vieilli", a déclaré Elvis Bulu, président du CUOM/Kinshasa. 

Point focal CGND/SJS, Patrick Maliani salue la relation étroite qui a toujours existé entre les acteurs de la société civile impliqués dans ce processus et l'Ordre des médecins qui prévoit évidemment de revoir ses textes dans plusieurs points.  

Normes et directives 

En décembre 2020, le ministère de la santé publique a signé les normes et directives des soins complets d'avortement centrés sur la femme. Ce document place des garde-fous pour une prise en charge organisées des cas d'avortement dans les formations sanitaires. Elvis Bula appelle à la plus large vulgarisation de ce document. 

L'avortement est un véritable problème de santé publique en RDC. Il est la deuxième cause de la mortalité maternelle après les hémorragies, selon l'Enquête démographique de la santé (EDS 2013-2014).
Plus de 400 avortements à risque sont pratiqués chaque jour à Kinshasa, selon une étude de l'Ecole de santé publique et de Guttmacher Institute réalisée en 2016. 

Dans un pays où l'âge médian à la première expérience sexuelle pour les filles est de 16,8 ans, il y a lieu que les textes nationaux suivent le pas du Protocole de Maputo sur les questions d'avortement pour sauver des vies. 

Socrate Nsimba


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