Droit à l’avortement : un acquis encore fragile…

Le monde célèbre ce 28 septembre la Journée internationale du droit à l'avortement sécurisé. Ce droit essentiel à l’émancipation des femmes dans la société reste pourtant fragile à travers le monde. Dans des pays où la loi avait déjà garanti ce droit, un recul s’est observé…
28-septembre-2022

Signataire du protocole de Maputo, un traité régional sur les droits des femmes qui enjoint les États de légaliser l'avortement lorsque cela est nécessaire à la protection de la santé physique et mentale de la femme, ainsi qu'en cas de viol, d'inceste et d'anormalité fœtale, la République démocratique du Congo essaie de faire des pas dans ce sens. Le pays a, par exemple, publié ce Protocole de Maputo dans son Journal Officiel en mars 2018, légalisant ainsi l’accès à l’avortement sécurisé dans le pays pour ces cas précis. La RDC a aussi initié une circulaire depuis avril 2018 relative à la mise en exécution des dispositions de l’article 14 de ce protocole.

Si ces progrès timides s’observent en RDC ou dans d’autres pays d’Afrique, l’ampleur des décès reste considérable dans le continent.

Plus de 8 millions d'avortements ont lieu chaque année en Afrique dont les trois quarts sont réalisés dans des conditions non sécurisées, d’après la fiche d'information de Population Reference Bureau (PRB), une ONG américaine spécialisée dans la collecte et la fourniture de statistiques nécessaires à la recherche sur l'environnement, la santé et la structure des populations.

Parmi toutes les régions au monde, l'Afrique possède, selon les estimations, le nombre le plus élevé de décès liés à des avortements, atteignant plus de 15 000 en 2017, représentant ainsi 7% des décès liés à la grossesse, selon les données recueillies dans le cadre du projet de renforcement des politiques fondées sur des preuves pour élargir l'accès à l'avortement sécurisé (Strenghening Evidence-Based Policy to Expand Access to Safe Abortion). 
 

Un acquis toujours fragile !   


Même dans des pays dits de vielle démocratie, cet acquis reste toujours fragile.

Quelques régressions en matière de droit à l’avortement ont été observées cette année. Aux Etats-Unis, par exemple, suite à la récente décision de la Cour suprême américaine, plus de 20 Etats ont réduit ou interdit l’accès à l’avortement. Ce qui a été considéré par des analystes comme « un bon de 50 ans en arrière » fait par les Etats-Unis.    

En Europe, la Pologne, Malte, Andorre et Monaco interdisent toujours l’avortement. Et en Italie où l’extrême droite a pris le pouvoir, ces résultats des élections laissent craindre une remise en cause de ce droit des femmes.

En France, malgré l’annonce de la distribution gratuite de la pullule du lendemain, la diminution des centres d’interruption volontaires de grossesse, les délais plus restrictifs que dans d’autres pays voisins et le maintien de la double clause de conscience pour les médecins poussent chaque année près de 5000 femmes à aller avorter à l’étranger, selon la CFDT, une confédération française démocratique du travail. Cette organisation milite depuis près de 50 ans pour que les femmes puissent bénéficier librement de ce droit fondamental.
    
Il sied de rappeler que le 28 septembre est la Journée internationale de l'avortement sécurisé. Cette journée a été célébrée pour la première fois comme une journée d'action pour la dépénalisation de l'avortement en Amérique latine et dans les Caraïbes en 1990 par la Campaña. Et c’était un 28 septembre.  

Dido Nsapu


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