Pascaline Zamuda ou le devoir de lutter contre les violences sexuelles

En ce mois de mars, dédié à la femme, Santesexuelle.cd célèbre les championnes en droits sexuels et reproductifs. Chaque jour, elles repoussent, par leur activisme, des barrières, pour parvenir à une société égalitaire. Portrait de Pascaline Zamuda.
11-Mars-2021

Responsable de l'association Cadre de récupération et d'encadrement pour l'épanouissement intégral des jeunes(CREEIJ), Pascaline Zamuda est une rescapée de la deuxième guerre du Congo dans l'Est de la RDC. Des pires horreurs que continuent de subir les femmes dans cette partie du pays depuis deux décennies, elle puise l'énergie nécessaire pour lutter  contre toutes les formes de violences basées sur le genre, en particulier les violences sexuelles.

A travers le CREEIJ, Pascaline Zamuda oeuvre pour le renforcement de l'accès à l'information et à l'autonomisation des jeunes en général et ceux en situation de vulnérabilité en particulier. Mais elle garde une attention soutenue dans la lutte contre les violences basées sur le genre, particulièrement les violences sexuelles. 
Son expérience de vie la prédisposait à mener ce combat. 

A l'époque, avec sa famille, elle parcourt, alors qu'elle n'a que 9 ans, des kilomètres à pied entre Bukavu et Kindu pour fuire des affrontements.  

"On a fait une année à fuir la guerre. On ne pouvait pas aller à l'école. Une fois de retour à Bukavu en 1998, nous avons été accueillis encore par une nouvelle guerre. Le pays était divisé en deux et mon père était considéré comme déserteur et a perdu son emploi, parce qu'il y avait un autre gouvernement qui dépendait du RCD", se souvient-elle.

Dans ces conflits qui coûteront la vie à des millions de personnes, la femme a payé et continue de payer le plus lourd tribut. Le viol, devenu véritable arme de guerre décime au quotidien celle qui donne la vie. 

Impossible alors de rester insensible face à ce drame, surtout pas quand on est parmi les rescapés. Ayant eu la chance de s'en sortir, Pascaline Zamuda se sent redevable. Pour elle, assister les autres est devenu un devoir.

Dès 2003, elle se lance dans la défense des droits humains, alors qu'elle était jeune reporter formée par le centre Lokole, Search for common ground à l'Est de la RDC. Elle trouve une tribune pour parler de la situation des enfants associés aux groupes armés. 

En 2008, elle se spécialise sur les questions des droits des femmes avec un accent prononcé sur la lutte contre les violences basées sur le genre, particulement les violences sexuelles.  

Trois ans après, elle fait de la promotion des droits sexuels et reproductifs son cheval de bataille à travers le Cadre de récupération et d'encadrement pour l'épanouissement intégral des jeunes.  

Sa grande satisfaction jusque-là est de parvenir à lutter contre les stéréotypes et la désinformation en  contribuant au renforcement des catégories des populations clées telles que les jeunes, adolescents et femmes.  

Pour que la femme jouisse de ses droits en santé sexuelle et reproductive, Pascaline Zamuda pense qu'il reste encore plusieurs défis à relever en RDC, notamment au niveau de  l'insuffisance des mécanismes communautaires d'informations, le faible accès aux services de Planing familial, la persistance des idées reçues, les violences basées sur le genre, le faible appui et accompagnement des structures communautaires...

"Mon challenge personnel est de réussir mon rôle charnière entre les services étatiques et les structures communautaires dans la quête de l'amélioration des politiques et services permanents permettant l'accès aux services sociaux de base sur les questions vitales telles que la santé, l'éducation, l'encadrement des groupes spécifiques", note-t-elle. Elle y croit, elle y tient, elle réussira.

Jules Ntambwe


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