Vanessa Mwika : du marketing à la sensibilisation sur les questions de santé sexuelle

Assistante à Si Jeunesse Savait, Vanessa Mwika ne transige pas sur les droits de la femme. Dans son organisation, elle ne manque pas d’occasion pour une sensibilisation de terrain au sujet notamment des droits à la santé sexuelle et reproductive. Portrait.
17-Mars-2021

Apparence timide. Sa silhouette pourrait laisser penser à une jeune femme résignée. Mais ces signes extérieurs cachent bien une femme de caractère.

Née à Lubumbashi, au sud-est de la République démocratique du Congo, Vanessa Mwika Mukul a passé son enfance dans cette ville. Sans penser un jour devenir militante des droits de la femme, Vanessa quitte Lubumbashi avec son diplôme d'État (Bac) pour Kinshasa, la capitale du pays. La jeune demoiselle débarque avec un mauvais souvenir dans son esprit. Celui d'une cousine rendue grosse par un membre de sa famille, puis renvoyée de la maison.         

A Kinshasa, Vanessa entame des études universitaires loin du terrain de son combat d’aujourd’hui. Mais elle était bien consciente des droits qu’elle devait défendre en tant que femme mais aussi défendre ceux des autres femmes. 

Elle ira puiser dans son caractère « ferme » pour militer en faveur de ces questions. "J'ai toujours soutenu le fait que la femme était maîtresse de son corps. Quand elle se trouve dans des périodes qui l'exposent à la grossesse alors qu'elle n'est pas prête à avoir un enfant, elle a le droit de refuser ou d'obliger un préservatif", tranche-t-elle. 

Son activisme est né loin des études qu'elle a faites à l'université. Elle pense néanmoins utiliser le sens du marketing appris à l'Université pédagogique nationale (UPN) pour convaincre surtout des jeunes filles sur le bien-fondé d'une sexualité responsable pour des célibataires ou d'un planning familial pour celles qui peuvent vivre en couple. 

 « Je suis licenciée en marketing de gestion. Ça peut paraitre loin des questions que nous traitons aujourd’hui. Mais mon engagement est venu de mon caractère », précise d’entrée de jeu celle qui assiste la directrice exécutive de l’ASBL « Si Jeunesse Savait », une organisation implantée à Kinshasa et plusieurs fois primée pour son combat notamment en faveur de l'entrepreneuriat des femmes et les droits à la santé sexuelle et reproductive.   

"Quand j'ai commencé mon stage à Si Jeunesse Savait, j'avais comme superviseur M. Patrick Maliani. En voyant des cas de femmes qui pouvaient tomber enceinte parce qu'un amant les a forcé à passer un rapport sexuel ou encore un cas de viol proprement dit, je ne pouvais pas résister pour m'engager dans les questions de santé sexuelle et reproductive", insiste-t-elle. 

Elle qui a toujours dit « haut et fort » ce qu’elle pense des droits de femmes, Vanessa rêvait déjà de travailler dans des structures qui militent pour ces questions. Ayant été placée aux côtés de Richine Masengo, une des jeunes championnes en la matière, Vanessa Mwika a vite pris le goût de défendre les droits à la santé sexuelle et reproductive tout comme d'autres droits de la femme en général.      

Alors que la sexualité passe comme un sujet tabou dans les mœurs ambiantes en RDC, la timidité apparente de Vanessa n’a pas eu raison d'elle. 

Début juin 2020, pendant que le pays était en plein confinement lié à la pandémie de Covid-19, elle n’a pas hésité à brandir un pénis en bois pour montrer à une vingtaine de jeunes femmes sourdes-muettes – issues des milieux défavorisés et réunies au siège de Si Jeunesse Savait à Bandalungwa – comment faire porter un préservatif à son partenaire. Cela, afin d’éviter les grossesses non désirées et en même temps des avortements clandestins. 

Aux côtés de Patrick Maliani, devenu son collègue après son stage dans la même structure, Vanessa va sillonner plusieurs coins reculés de Kinshasa et va multiplier de telles activités pour sensibiliser les femmes contre des grossesses non désirées. Mais aussi contre les avortements non sécurisés, deuxième cause de mortalité maternelle en République démocratique du Congo. 

A 846 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes, selon l'EDS 2013-2014, le pays possède l'un des taux les plus élevés au monde. Et les avortements en sont la deuxième cause.

Vanessa pense qu'à chaque sensibilisation menée par des activistes dans ce domaine, il est possible de faire chuter ces chiffres . 

Dido Nsapu


Commentaires

  • VE

    VESE

    20/03/2021

    Je suis le témoin vivant pour approuver le témoignage riche en couleur de vanessa. Elle m'a pris part à plus de mes séances de coaching !!! Courage et merci beaucoup pour son activisme. Carlin VESE PINZI Sociologue et Travailleur Social de formation. Expert sur les questions des féminités et masculinités positives.

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