RDC : les entreprises loin d’être des championnes en politique inclusive sensible au genre (Enquête)
En République démocratique du Congo, seulement près d’une entreprise sur cinq adopte des politiques d’élimination des discriminations associées au genre.
18-Décembre-2025
En République démocratique du Congo, seulement près d’une entreprise sur cinq adopte des politiques d’élimination des discriminations associées au genre, révèle une étude de Cuso International, une ONG canadienne, dans le cadre de son projet Talents Pluriels Pluriels.
Le milieu professionnel congolais offre-t-il un environnement propice aux jeunes vulnérables dont les minorités sexuelles, les albinos, les jeunes femmes, les filles-mères, les personnes vivant avant handicap ? Dans cette étude réalisée à Kinshasa, Lubumbashi et Bukavu par Cuso International dans le cadre du projet Talents Pluriels, il est rapporté que seulement près d’une entreprise sur cinq adopte des politiques internes d’élimination des discriminations associées au genre.
Politiques partielles
Petite satisfaction : il n’est pas rare de trouver ces politiques dans l’administration publique ou dans des moyennes entreprises du secteur privé formel. Sauf que, très souvent, elles semblent très partielles et davantage orientées vers l’inclusion féminine qu’à l’inclusion globale. Par exemple, ces politiques, note les enquêteurs, « ne sont pas explicites par rapport notamment aux minorités sexuelles ».
« J’ai postulé à un emploi où il n’y avait même pas de concurrent car j’étais la seule personne à déposer le CV. Mais j’ai perdu l’opportunité de mes rêves à cause de mon physique efféminé. J’ai pourtant franchi toutes les étapes du recrutement. Au moment de l’interview en visioconférence, la première question que le recruteur m’a posée était de savoir si j’étais une fille ou un garçon. Je me suis senti discriminé et humilié. C’était la pire des expériences sur le plan professionnel. A partir de cette tragédie, j’ai décidé de ne plus chercher du travail », a témoigné un des jeunes minorités sexuelles dans le cadre de cette enquête.
Et un autre d’ajouter : « J’ai obtenu plusieurs propositions de travail dans plusieurs entreprises, j’ai même travaillé pendant trois mois dans une entreprise locale. Mais j’ai abandonné puisque les collègues me jugeaient sur ce que je suis plutôt que sur ce que je suis capable de réaliser. »
« L’invisibilité de jeunes vulnérables »
Ce dernier ne s’est donc pas senti protégé par l’entreprise qui n’avait pas de politique claire et inclusive sensible au genre. L’étude renseigne d’ailleurs que si la majorité d’entreprises enquêtées déclarent avoir créé un environnement sûr, inclusif et favorable au genre, « il parait tout de même curieux de constater l’absence ou l’invisibilité de jeunes vulnérables parmi les membres de leur personnel ».
Dans le cadre de son projet Talents Pluriels, Cuso International a anticipé ce manque en formant les ressources humaines de quarante-quatre entreprises et ONG dont vingt-trois entreprises et organisations partenaires de Kinshasa sur des principes genre, équité et inclusion. D’autres séances de formations ont également eu lieu en faveur des entreprises et organisations à Lubumbashi. Le 9 novembre à Kinshasa et le 15 novembre à Lubumbashi, Cuso International a primé quelques organisations et entreprises ayant adopté intégralement des politiques d’inclusion de genre et de lutte contre le harcèlement sexuel ou la non-discrimination dans le recrutement et la gestion RH et bien d’autres encore.
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